Épisode 15 - L'Empyrée
Dante Troubadour - PARADISO - Canto XXX, XXXI, XXXIII
Mais il faut ici que mon poème cesse de suivre
en chantant la beauté de ma Dame, comme fait
tout artiste parvenu au dernier effort de son art.
Béatrice reprit avec le geste et la voix d’un guide empressé :
« Nous sommes montés du plus grand des
corps célestes au ciel qui est une pure lumière »
Ces brèves paroles de Béatrice ne furent
pas plutôt venues à moi, que je me sentis
m’élever au-dessus de ma force ;
Et en moi s’alluma une nouvelle vue
telle, qu’il n’est pas de clarté si pure
que mes yeux ne pussent l’endurer.
Così la neve al sol si disigilla;
così al vento ne le foglie levi
si perdea la sentenza di Sibilla.
A l’alta fantasia qui mancò possa;
ma già volgeva il mio disio e ‘l velle,
sì come rota ch’igualmente è mossa,
La forme générale du Paradis,
déjà mon regard l’avait embrassée tout entière,
mais ne s’était encore fixé sur aucune partie
Dès cet instant ma vue fut au-dessus
de mes paroles, qui cèdent à une telle vision,
et la mémoire cède à un tel excès.
Tel qu’est celui qui voit en rêvant, et qui,
après son rêve, garde l’impression produite
sans que le reste lui revienne à l’esprit,
l’amor che move il sole e l’altre stelle.
Ainsi la neige fond au soleil, ainsi se
dispersent au vent sur des feuilles légères
les décrets de la Sibylle.
Ici la force manque à ma haute imagination;
mais déjà mon désir et ma volonté, comme une roue
qui est mue également, étaient tournés ailleurs,
Par l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles.
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